vendredi 16 janvier 2009

Les rêves des autres.

Il fut un temps où Juliette émigra en province. Alors que la vie normande occupait son paysage quotidien, il lui était agréable, périodiquement, de se replonger dans la vie parisienne, d'en sentir les palpitations carboniques, d'y retrouver les fibrillations de la vie culturelle, le mouvement accéléré des citadins pressés et un passé trop vite abandonné. L'intensité de ces escapades la fatiguait physiquement. Aussi ne manquait-elle pas de ponctuer ses itinéraires  de pauses régulières dans un des magnifiques parcs urbains, et buvant son petit café, savourait sa chance d'habiter au bord de la mer, tout en aimant vraiment Paris. Le soir venu, Juliette retrouvait l'une ou l'autre de ses vieilles amies (pardon les amies !). Après d'interminables discussions autour d'un dîner, elle passait la nuit sur un lit d'appoint, sur un canapé, parfois, luxueusement, dans un vrai lit.
Or il arriva un soir que Juliette se retrouve chez Cécile, qui ne l'avait jusqu'alors jamais hébergée.
Cécile est psychanalyste et reçoit ses clients chez elle. L'appartement est organisé de façon à ce que les patients n'en fréquentent pas le côté intime. Ainsi Luc, le fils de Cécile, ne croise personne en rentrant du collège. Aussi a-t-il pris l'habitude de humer les effluves qui traînent dans l'entrée, après le passage d'un ou d'une cliente, afin de se renseigner sur la disponibilité de sa maman, ou l'avancée de ses rendez-vous. Les effluves, ce sont des parfums, ou, des odeurs. 
Luc rebaptise chaque client de la fragrance qui le caractérise. Shalimar est en cours de séance alors qu'Addict chante en salle d'attente. Suivront vraisemblablement, dans l'ordre, Purée d'ail, qui sait probablement lire le chinois (ce que Cécile n'a jamais voulu confirmer), la capiteuse Opium souvent prise de quintes de toux, puis Tapukatlavé, dont l'arrivée est si redoutée. Calèche oublie régulièrement de fermer la porte d'entrée,  alors que la petite XS la claque violemment en sortant. Enfin Le Mâle clôture la soirée de son pas lourd en passant invariablement par les toilettes avant d'affronter le cabinet.
Cécile a proposé à Juliette de dormir sur le divan, dans son bureau. Arghhhh. 
Un je-ne-sais-quoi lui laisse prévoir une future nuit sombre, agitée. Diffusées dans les fibres du matelas, imbibées de litres de larmes, les émotions des autres n'attendraient que la nuit pour lui sauter au cou.
Avant de s'allonger sur le divan, elle enfile un pyjama, un pull, des chaussettes. Elle a clairement l'impression que si les matelas avaient une âme, celui du divan de Cécile l'aurait vendue au diable. Il convient donc de s'armer.
De retour dans sa chambre, elle déplace le divan face à la fenêtre, qu'elle ouvre largement sur l'air froid de la nuit. Puis elle retourne le matelas, replace les draps secoués, la couette. Le bon sens est dessus dessous. 
Aucun inconscient laissé pour mort dans les murs ne l'a encore agressée, aucun fantasme inassouvi ne l'a encore chatouillée, et les pulsions  séquestrées dans la moquette semblent momentanément apathiques. Pourtant, elle est certaine qu'ils sont là, ces extra traîtres, planqués, attendant qu'elle lâche prise et s'abandonne au sommeil pour lui jouer des vilains tours.
Juliette s'allonge, s'endort immédiatement, se réveille 9 heures plus tard. Etonnée d'avoir si bien dormi, elle s'assied, s'étire, machinalement repose une main sur le drap froissé qu'elle enferme dans la paume de sa main. Elle garde le sentiment d'avoir dormi dans les émotions des autres, de les avoir apprivoisées autour d' une danse onirique moins encombrante qu'elle ne l'imaginait.




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Recette de la tarte à l'ail

1. Demander gentiment à Marie de faire une pâte brisée et surtout de l'étaler car c'est galère
2. Piler 126g de pignons de Provence cueillis avec amour pour en faire une sorte de pâte
3. Couper menu menu 3 têtes d'ail frais ou de Lautrec (quand c'est la saison!)
4. Mélanger pignon et ail avec 66 g de bonne féta grecque et rajouter un peu d'huile d'olive de là bas
5. Tapisser le fond de tarte avec le mélange
6. Recouvrir le tout avec un mélange de 4 oeufs, 12cc de crème fraiche, sel de Guérande et poivre du Moulin + un poil de basilic haché menu
7. Faire cuire pendant 42 min à 200 °C
8. Manger chaud ou froid
9. Embrasser qui vous voulez

Edgar le bavard