
Levée au petit jour, sans la lumière. Cela fait longtemps que la nuit ne m'a pas servi d'alibi pour rédiger quelques mots avec ce plaisir de prendre le temps de poser, de corriger, d'effacer, de changer, de préférer un mot plutôt qu'un autre. Aujourd'hui commence ma grande semaine de révisions. Au programme du bourrage de tête, histoire de l'avoir bien pleine pour passer les examens dans 10 jours.
Déjà j'entrevois le vide qui va s'en suivre, avec l'inévitable pulsion qui va me conduire à le combler. Des images aspirantes drainent ma motivation à finir enfin, avec ce temps d'études. J'ai envie de coudre, de déchirer le papier, de faire naître des lampes sur des escarpins esseulés, sur des moulins à cafés oubliés, dans des poupées désinvesties, d'activer mes doigts trop longtemps immobilisés sur les feuilles de mes cours. Courts, les cours pour alimenter les mains, mais riches les cours pour nourrir enfin une tête en friche.
J'ai envie de lire. D'autres livres que des livres d'études, des romans, des histoires des autres, des poèmes, des articles, de tout autre. Puis de déchirer les livres (pas les mêmes), d'en coller les pages sur des abats jours. Avec du vernis colle et des gros pinceaux poilus. D'y ajouter une couche de tissus à fleurs puis d'en lacérer des lambeaux en laissant s'effilocher irrégulièrement les fibres pour laisser, au final, filtrer la lumière.
La lumière.
J'ai envie de déjeuner avec les copines, de goûter au plaisir de cette "réunion de chicas" prévue dans trois semaines, de rire de rien, de parler de tout, de grignoter. De remplir la maison d'effluves culinaires trop longtemps reléguées à des temps plus favorables aux délires gastronomiques. Bientôt.
Sur mon lieu de travail l'humain s'étiole. Poussées par la tempête, mes copines s'échappent une à une vers d'autres ports, expirant enfin le carbone trop longtemps contenu dans leurs coeurs pourtant ventrus...
Je me planque dans ma crique, accrochée mollement à un rocher lisse. J'entends les sirènes fredonner (envole moaaaaaaaa, envoleuhhhhhh mouâââââââââââ^^^^^^), mais je choisi d 'affûter mes nageoires encore quelques semaines avant de fendre la masse liquide agitée. Et puis, dans l'eau salée de ma crique abritée, les images guerrières des armées piscicoles se délitent en d'inoffensives menaces oniriques. Les larmes des adieux récurrents s'évaporent et rejoignent le bocal à sel de ma cuisine interne. Celle dont je peux dire : c'est ma cuisine.
Le petit jour est là, révélé par une lumière grise qui atténue l'éclat de ma lampe. Aujourd'hui, ciel de pluie.
1 commentaire:
ouaaah, elle écrit bien ma maman. Ici le ciel de pluie abat également le jour, et l'esprit se retranche dans les leçons marketinguesques.
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