mercredi 6 novembre 2013
Mur, Mur
lundi 23 janvier 2012
Pour une sonate
dimanche 22 janvier 2012
Gastons

jeudi 19 janvier 2012
MurmureSilenceJ'ouvre mes poumons, simple soulèvement mécaniqued'une cage thoracique paresseuse...silencej'esquisse quelques mouvementsles pointes de mes pieds nus s'échappant,quelques fugaces instants,de la terre battue......silenceJ'arrondis les bras, m'enroule autour de l'axede mon corps, pivotant sur moi-même..et dessine plusieurs arabesques... silenceje ferme les yeux, progressivement,pointillant la lumière de soupirs obscurs,te cherchant, doutante et insécureSilencepuis je m'infléchis, lentement happée ,et m'endors enfin, dans un calme placentaire
dimanche 10 juillet 2011
Etrange
dimanche 3 juillet 2011
Ne pas être

mercredi 22 juin 2011
Etre
Agathe arrive à son bureau, ouvre sa boite aux lettres électronique, et y trouve un message, comme tous les matins depuis une semaine, de son "administrateur système", le seul, peut-être, qui travaille la nuit.
Parfois il lui écrit que ses courriers ont bien été remis à leurs destinataires. Mais depuis une semaine il lui annonce "votre boite aux lettres a atteint sa taille limite". Elle comprend qu'il lui faut diriger vers la poubelle ce qui doit y être jeté. Elle trie, vire, dégage, classe, extermine. Mais tous les matins, malgré le ménage de la veille, malgré l'attention qu'elle a porté tout au long de la journée à se poser la question du devenir de chaque message, en le redigeant bien à propos, ce qu'elle comprend est ceci : "tu en fais trop et j'en ai assez".
La nuit suivante elle investit cet évènement lors de son habituelle insomnie. Elle sait pourtant que la nuit amplifie, déforme les émotions, mais laisse vagabonder l'idée : J'en fais trop, je veux me réduire à l'essentiel
Première mesure : silence.
Joseph en fait les frais dès le matin, la fatigue aidant. Après une explication sonore, une dispute, un orage bleu noir dans l'appartement, des cendres tombent sur les belligérants le temps du petit déjeuner... et plus.
Elle a envie de faire taire tout cela, et qu'on lui reconnaisse, sans poser de question, le droit d'être simple. Etre. En écrivant, en gommant, en occupant ses mains, en parcourant ses poêmes, ses journaux, ses courriers, sa
maison, en rassemblant pour le jeter ce qui depuis des mois était invisible, non consulté, encartonné et sans utilité... Pas lieu d'être, là ou il ne faut pas. L'important étant de conserver le plus simple élément de tout appareil, à condition que la manoeuvre fut utile. A la fin de l'opération mentale idoine, il ne lui faut quasiment rien garder, et beaucoup jeter. Joseph n'est pas d'accord sur ce point, lui, si conservateur, y compris de ce qui ne lui appartient pas.
Lorsqu'il réalise ce qui se joue, ce mouvement insupportable de cartons qui disparaissent dans la poubelle doit prendre fin. Il voit du désespoir dans ce geste qui pourtant allège considérablement Agathe. Un dialogue houleux dans le local des déchets fait vibrer les containers. Mais elle a atteint rapidement la limite des argumentations, des étayages, des remises en forme de l'historique, des mises en relation d'évènements pour lesquels elle aurait agit différemment, si ou si... et

si...mais diable...pourquoi, comment, à quelles fins... "Me serais-je trompé, te serais-tu trompée, que s'est-il passé, que s'est-il présent, que sera-t-il futur ? Où es-tu, que me dis tu ? est-ce que je comprends bien ? Quelle est cette case dans laquelle je ne te rentre pas, quels sont ces objets devenus encombrants pour toi ? Quel est le projet de ce dépouillement ? Vais-je, moi-aussi, passer à la trappe ?
Silence du côté d'Agathe. Faire taire les réponses, trop encombrantes, trop lourdes, trop pesantes. Silence. Trop de mots ont été prononcés depuis la nuit des temps.
Elle comprend ceux qui pour en finir de se poser des questions et de répondre à celles des autres sans être certains de leur répondre vraiment, choisissent de placer le point final tant attendu sur "une question qui a le mérite, pourtant, d'être claire il me semble", entrent dans une masse d'eau, quelque part, avancent doucement et laissent l'eau passer au-dessus d'eux pour les engloutir, allégement maximal.
Ne pas se méprendre, Agathe ne déprime pas, loin de là, elle vit, elle est. Et cette proximité de l'être lui fait effleurer le "ne plus être". Elle désire la vie, plus que jamais, mais la vie réduite à son élément le plus simple.
Ce qu'elle préfère vivre avec Joseph en ce moment c'est chanter. Cela ne demande pas de prise de tête, la voix de tête, et cela présente l'avantage d'être immatériel. C'est un moment de grâce comme il en existe trop peu. Chanter, et laisser partir un peu de soi très haut, on ne sait où, mais ailleurs. Faire résonner son corps à travers des cordes, sans penser. S'étonner des sons, laisser sonner..